vendredi 11 avril 2014

Marine Le Pen sur RTL, le 4 avril 2014 : Les maires FN tiendront leurs promesses… ou pas.


Interrogée par Jean-Michel Apathie sur RTL le 4 avril dernier, Marine Le Pen a commenté les résultats du FN aux municipales… sous le signe de l’hésitation. Bien sûr, elle a utilisé son ton toujours aussi affirmé et assuré, mais les mots ne coïncident pas avec l’attitude…

Pour évoquer les actions que vont mener ses maires, elle a ainsi systématiquement émis des doutes en employant ce qui se nomme des modalisateurs : « Je pense que » (3 fois), « Je crois que » (4 fois).
Un modalisateur (selon Benveniste notamment) c’est en gros un outil qui permet à celui qui parle d’émettre une distance, un doute par rapport à son propre énoncé. Or, à chaque fois que Marine Le Pen a évoqué l’action à venir des maires FN, elle l’a fait avec cette marque de doute, dont la plus marquante : « Je pense qu’ils vont faire preuve d’intelligence »… Mais visiblement, rien n’est moins sûr…

En revanche, lorsqu’elle commente l’écotaxe, sur laquelle elle n’a aucun pouvoir, eh bien là, elle est catégorique, et n’utilise plus de modalisateurs : « Il faut supprimer l’écotaxe » (2 fois). C’est donc quand elle ne peut pas agir, que Marine Le Pen est le plus affirmée.

Mais l’action des maires FN est aussi évoquée de façon abstraite, à travers les infinitifs « arrêter » (répété 4 fois), « répondre » et « comprendre » (2 fois). Or, comme l’indique Gustave Guillaume dans sa chronogénèse, l’infinitif correspond à l’action dans son sens abstrait, celle qui n’est pas réalisée, loin du concret.
Et puis, il est à noter que cette action, en plus d’être abstraite, est négative. En effet, que va faire le FN dans ses municipalités ? Il va « arrêter »… N’est-ce pas l’inverse de l’action ?

Jean-Michel Apathie a souligné aussi le fait que Marine Le Pen semble réduire le rôle du maire à une fonction de gestionnaire. Le champ lexical employé dans ses réponses le prouve : « endettement »,  « fiscalité » (à baisser), « dépense », « gaspillage », « frais », « pouvoir d’achat ». Il n’y a donc rien sur ce qui pourrait toucher à la solidarité dans les municipalités, ni à la culture, ni au nombre de places en crèche, au quotient familial, aux logements sociaux ou d’autres aspects qui pourraient éventuellement intéresser les catégories populaires auxquelles elle prétend s’adresser.
Un maire FN, c’est donc un comptable radin. Cette démarche correspond à l'effort de neutralisation du discours idéologique et à son basculement dans un champ strictement financier.

Bon, et puis elle prépare déjà l’excuse en cas d’échec de ses maires :

« Il n’en demeure pas moins que tant que la loi n’est pas changée eh bien il faut s’y soumettre et œuvrer dans le respect de ces lois républicaines ».

Les projets des maires FN, énoncés sur le mode du doute et de façon abstraite sont de surcroît soumis à condition. On ne pourra pas reprocher à ces maires de ne pas avoir réalisé leur beau projet puisque ce sera pour le respect de la démocratie. En revanche, on pourra imputer leur échec aux lois votées par gouvernement en place…

L'interview en question: http://www.frontnational.com/videos/marine-le-pen-sur-rtl-23/

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