dimanche 1 juin 2014

Le commentaire des résultats aux européennes du 25 mai dernier : un décalage thématique criant.


La soirée électorale de France 2 le 25 mai dernier a tenté d’interpréter la victoire du Front National en interrogeant les différents invités politiques qui se sont succédé sur le plateau. La question posée par David Pujadas à Emmanuelle Cosse en résume selon nous les enjeux : « S’agit-il d’un vote de contestation ou d’adhésion? ».

Bien que banale concernant le FN, la question semble fondamentale car si l’on compare les remarques de ces différents intervenants avec la déclaration de Marine le Pen, on ne peut que constater un énorme décalage et sûrement, même, une erreur.

Ils semblent ainsi tous réduire le vote FN à une démarche contestataire, ce que traduit le champ lexical de la colère.
Jean-François Copé répète ce terme deux fois, et fait un jeu de mot sur cette colère d’extrême droite en évoquant la « colère extrême » des électeurs. José Bové évoque la « contestation » exprimée par ce vote tandis que Manuel Valls a parlé de « crise de confiance » et lui aussi de « colère ». Le plus affirmé dans cette interprétation est Alain Jupé qui y voit un « vote de rejet » et met en doute une éventuelle « adhésion massive » aux idées du Front National concernant l’UE. Il prône même un calcul politique à travers un « accord droite/centre » comme réponse à ce résultat…
Pour tous donc, la victoire du FN est une expression contestataire, ni plus, ni moins.

Or, si l’on se fie à la déclaration de Marine Le Pen, le sens du vote FN est plus complexe: « Les français n’ont pas seulement lourdement sanctionné les partis du renoncement en les renvoyant à leurs mensonges et à leur trahison. Les français ont aussi conféré au FN la formidable responsabilité d’appliquer les choix qu’ils ont manifestés par le vote de ce soir ».
Avec la tournure restrictive qui est niée (« ils n’ont pas seulement »), Marine Le Pen considère que le vote FN ne doit pas se réduire à un vote de contestation. Au contraire, l’adverbe « aussi » souligne l’importance d’un vote d’adhésion, lequel vient s’ajouter à la contestation.

Ainsi, pour trouver la réponse à la question initiale, « contestation ou adhésion? », il faut substituer le « et » au « ou » et accepter de considérer que le vote FN n’est pas qu’un vote en creux, qui se construit par défaut ou rejet. C’est aussi un vote plein, qui appelle un programme et une politique : « contestation ET adhésion ».

Tant qu’on n’a pas admis cet aspect du vote FN, il semble compliqué de le combattre efficacement car en réduisant les résultats des européennes à la contestation, on ne s’attaque pas au problème, on évacue le fond politique. C’est donc se méprendre sur la stratégie à mener contre le parti de Marine Le Pen : pour la combattre, il faut évoquer des divergences politiques.

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